CAP Métiers de la Mode Vêtement Flou

2019


     C'est une envie qui s'est installée petit à petit avant de prendre la décision de m'inscrire au CAP MMVF en candidate libre.

     La curiosité d'abord. Je suis allée sur internet voir en quoi consistaient les épreuves : Prévention Santé Environnement (1 heure coef 1), EP1 (3 heures coef 4), EP2 (16 heures coef 10 sur 2 jours consécutifs pour réaliser un vêtement à partir d'une gamme de montage sur piqueuse plate). Quand on a déjà passé son bac ou un CAP, pas besoin de repasser les épreuves générales (ouf !).

     Avoir cet objectif m'a paru être un bon moyen pour continuer à progresser en couture, à être plus rigoureuse et précise.

     En lisant les différents témoignages, l'envie s'est installée un peu plus. Pourquoi pas après tout ? Un beau challenge personnel qui ne peut apporter que du positif. La grosse épreuve d'EP2 peut faire peur. Mais il faut bien se dire que même si elle n'est pas validée, on peut la repasser l'année suivante tout en gardant les bénéfices des notes d'EP1 et de Prévention Santé Environnement, si celles-ci ont été bonnes.

     Et voilà comment l'idée fait son chemin pour en arriver à s'inscrire officiellement en novembre 2018.

     Les liens sur les sujets et leurs corrigés pour se faire une idée  (il faut cliquer sur une épreuve puis sur "fichiers et liens") : https://eduscol.education.fr/sti/contenus/formation/2140?type=sujet_epreuve

     Et ici le référentiel complet du CAP MMVF : https://eduscol.education.fr/sti/sites/eduscol.education.fr.sti/files/textes/cap-metiers-de-la-mode-vetement-flou/431-referentiel.pdf" target="_blank

     C'est avec le pack CAP du site Artesane    que je me suis préparée. J'ai profité des réductions du Black friday du vendredi 23 novembre 2018, après avoir visionné la présentation des cours vidéos. Christine Charles y explique très bien et de façon détaillée les différentes techniques.  C'est appréciable de pouvoir avancer à son rythme et de revenir en arrière si besoin. Lorsque le cours sur la piqueuse plate est sorti en février 2019, je l'ai acheté en profitant là aussi d'une promo. La piqueuse plate, c'est la machine industrielle qui nous accompagne lors de l'EP2. Au total : 168 euros d'investissement pour me préparer sérieusement. J'ai rajouté une équerre et un perroquet  commandés sur le site Rougier & Plé, très utiles pour le patronage. Le reste du matériel (réglets, règle japonaise, découseur, etc.), je l'avais déjà. 

     Pour Prévention Santé Environnement, j'ai utilisé ce livre de révision bac-pro que mon fils avait conservé. Largement suffisant, d'autant que c'est une épreuve qui fait appel à la logique. Il faut bien intégrer le schéma du processus d'apparition d'un dommage, car il faut le remplir à partir d'une situation donnée.

          


     Pour l'EP1, c'est le module 4 du cours Artesane qui est utile pour faire les épreuves de patronage. Il faut aussi se documenter sur les différents tissus : composition (fibres chimiques ou naturelles), entretien, armures (sergé, toile, satin). Connaître les symboles des machines industrielles, les règles de sécurité de la piqueuse plate et de la presse à thermocoller, les symboles d'entretien du linge, etc. Connaître aussi un peu l'histoire de la mode. Les vidéos gratuites de 432 Hz couture sont une bonne source d'infos.

     Pour l'EP2, il faut se familariser  avec le langage "gamme de montage". Connaître les schémas associés aux différents types de couture, symboles d'entoilage, de fermeture éclair, de passepoil, etc. Je me suis fait un petit cahier récapitulatif à partir des cours Artesane. J'ai réalisé des pièces d'étude pour chaque type d'assemblage en suivant les indications précieuses de Christine Charles. Surtout, il faut coudre des projets régulièrement pour aborder tout type de techniques : poches (plaquées, zippées, passepoilées, avec rabat, etc.), fermeture éclair invisible, fente de jupe, braguette sous pont, ourlet à la main, etc. Je me suis régulièrement chronométrée pour savoir combien de temps je mettais au final pour un projet.

           

Mon petit cahier de révisions.

        

Mes pièces d'étude réalisées avec l'excellent  livre de Yoshiko Mizuno sur le montage des poches (patrons inclus dans le livre).


     Bref, en se préparant pour le CAP, on apprend, on se perfectionne, on améliore son organisation et on ose des projets toujours plus exigeants. C'est déjà gagnant à ce niveau là.

     Et puis en mai la convocation arrive. Il va falloir y aller. Mon dernier examen remonte à 1992 (j'ai un DEA d'études ibériques et ibéro-americaines). C'est à la fois étrange et excitant de retourner dans un lycée en tant que candidate.



 Les épreuves 2019


     Début des épreuves le jeudi 6 juin à 14h00  avec 1 heure de Prévention Santé Environnement. Nous sommes 5 dans la salle, toutes en candidate libre. Aucune surprise sur cette matière où l'on remplit un questionnaire de plusieurs pages sur différents sujets à partir de situations données (la malbouffe au travail, analyser le budget d'un jeune pour savoir s'il peut s'acheter une machine de musculation, gestes de premiers secours suite à un accident en entreprise, etc.). L'heure passe très vite. Hâte d'être au lendemain pour entrer dans le vif du sujet avec l'EP1.

     Vendredi 7 juin à 8 heures, nous voilà installées dans une vaste salle avec chacune une grande table pour la découpe du patronage. Il y a de quoi s'occuper pour 3 heures avec l'EP1. D'emblée je vais voir à quoi ressemble le modèle sur lequel on doit patronner, car d'habitude c'est celui qu'on doit réaliser en EP2. Une robe trapèze  avec enforme plaquée de triangles, une martingale avec biais, des poches plaquées, des surpiqûres. Intérieurement, je me dis "Chouette! ça me plaît !". Nous avons un questionnaire à rendre : 4 robes trapèze que nous devons associer chacune à son créateur (Paco Rabanne, Yves Saint Laurent, Pierre Cardin, Courrèges). Il faut associer des types d'armures à des tissus et à leur schéma respectif, sélectionner un code d'entretien pour un tissu choisi. On doit aussi dessiner au crayon de papier deux motifs de poche d'inspiration Op'Art et en choisir un à reproduire coloré sur deux poches en symétrie (il faut vite se décider pour ne pas perdre de temps). Le plus difficile a été d'identifier les symboles des machines industrielles (je n'en connaissais que 2 sur 5). Et viennent enfin les éléments de patronage à réaliser à partir d'un patron de robe : construire l'enforme dos et la martingale (perroquet et règle indispensables). Une alerte arrive dans la 3 ème heure pour indiquer une erreur au niveau d'une mesure de la martingale ; je rectifie donc mon patron en cours de construction. Epreuve EP1 terminée dans les temps.


      Week-end de 3 jours. J'en profite pour m'entraîner sur les points techniques de la robe trapèze qui va sûrement tomber à l'EP2 : surpiqûres en arrondi sévère, triangles cousus au point d'arrêt, martingale avec biais (il faut soigner la jonction de biais). Je me sens confiante pour la suite.

 


     Mardi 11 juin 8h00 : nous sommes installées dans une grande salle où chacune a sa  table de coupe et son poste de piqueuse plate dejà enfilée. La presse à thermocoller est présente et le poste de repassage est dans une pièce toute proche (les examinatrices nous expliquent leur fonctionnement). Distribution des sujets. Grosse surprise ! Non, ce n'est pas la robe trapèze que l'on doit construire mais un combi-short. Avec une poche passepoilée sur le dos, deux poches italiennes surpiquées sur le devant, dentelle dans le dos et bas des manches, fermeture à glissière invisible, piqûres épaules prises en fourreau, et 10 pinces. Quand le tissu arrive, deuxième coup de bambou ! C'est un crêpe noir tout léger ! D'emblée je hais ce tissu car je sais qu'il va être délicat à travailler. Pour un challenge, je suis servie.


 


     Je me remotive très vite car il ne faut rien lâcher. Le temps est maintenant contre moi et je ne dois pas en perdre. Lecture de la présentation du modèle, surlignage des valeurs de couture et un coup d'oeil à la gamme de montage. Il ne faut pas traîner et se lancer dans la coupe du patron papier, puis enchaîner avec l'épinglage des pièces sur le tissu. Le droit fil est fondamental pour positionner correctement chaque élément. Une fois l'épinglage terminé, j'appelle une examinatrice pour qu'elle en fasse l'évaluation. J'ai l'autorisation de couper. Evidemment ça a été un peu long car le tissu demande un geste soigné. Je coupe à ras de la feuille épinglée sur le tissu. L'examinatrice revient pour évaluer la coupe en vérifiant que  les crans des repères sont présents (j'en avais oublié quelques-uns). Elle revient une dernière fois pour évaluer le thermocollage (la presse à thermocoller est vraiment très facile à utiliser). Enfin c'est parti pour le montage en suivant la gamme.



     Dès qu'un point est terminé, je coche ; ça veut dire que j'avance. Ne rien lâcher, rester concentrée. Bien respecter les valeurs de coutures. Les 4 premières heures passent à toute allure et la pause de midi fait du bien. On se retrouve autour d'une table avec les autres candidates où l'on peut échanger et parler technique.

     13h00 : c'est reparti. Je m'attaque à la poche passepoilée. Il y a eu une alerte pour indiquer une erreur de 1 cm sur le fond de poche. Prudente, je ne coupe pas la valeur de 1cm au cas où. Je monte ma poche passepoilée que j'avais déjà travaillée sur le chino des BG. Tout est raccord. Bizarre cette alerte. Ne pas s'attarder et avancer. Des alertes, il y en aura plusieurs au cours des 2 jours d'EP2, mais ça ne doit pas perturber plus que ça. On note et on continue le montage. J'ai zappé l'histoire des 5mm en trop sur l'épaule  car j'avais déjà tout monté quand cette alerte est arrivée (je m'étais arrangée pour que tout soit raccord en tirant un peu sur la dentelle souple côté col et en arasant à la surjeteuse côté manches).  Les autres alertes ont été gérables dans la mesure où on n'y était pas encore quand elles sont arrivées. M'enfin quand même ! On nous demande d'être précises et rigoureuses dans le montage, ce serait bien que  les personnes qui font le sujet le soient aussi. Bref, les heures tournent et 17h00 est vite arrivé.

   Le soir à la maison, j'ai simplement visionné la vidéo sur le montage de la fermeture éclair invisible pour être sûre de ne rien oublier au niveau des repères à marquer à la craie. J'étais claquée et j'ai dormi comme un bébé.

 

     Mercredi 12 juin 8h00 : c'est reparti. Il y avait du pain sur la planche. Tout s'est bien enchaîné hormis la délicate pose de la fermeture éclair avec le pied spécifique. Le tissu a été mon ennemi car il se coinçait régulièrement sous le pied et il fallait le dégager. J'ai quand même réussi à aligner correctement la taille. Je n'ai pas repassé au niveau de la fermeture éclair de peur de l'abîmer. Rester concentrée. Ne pas perdre de temps pour arriver au bout. Le moment le plus long a été la réalisation de l'ourlet invisible à la main. J'ai utilisé la lampe de la piqueuse plate pour bien voir les points. Prendre un fil dans du crêpe noir, ça demande une extrême attention. Je suis arrivée à faire les deux  jambes, et ça sentait bon la fin d'épreuve. Epluchage (couper et rentrer les fils qui dépassent), repassage, mesures pour remplir la feuille d'auto-évaluation. Et enfin la pose de l'étiquette d'anonymat qui est une feuille A4 qu'il faut coudre à grands points sur la ligne indiquée au bas du short dos. J'ai rendu un combi-short avec tous les élément réalisés, mais avec un manque de netteté au niveau de la fermeture éclair non repassée, un surjet perfectible sur l'envers de la taille et une surpiqûre de la ceinture pas impeccable quand on regarde au millimètre près.  A 16h00, je sortais. J'ai gardé l'épreuve en tête jusqu'au coucher. Dans un an, je pourrai aller récupérer le vêtement cousu et je n'oublierai pas.


     Expérience captivante. La motivation ne m'a pas lâchée. Pas d'énorme stress, mais les mains moites parfois. L'ambiance de travail était parfaite. Nous n'étions que 5 candidates, appliquées, travaillant dans le calme avec en petit fond sonore les conversations des examinatrices, ce qui nous a permis d'éviter un silence total qui aurait été pesant. Vraiment contente de l'avoir passé ce CAP qui m'intriguait. Il ne faut pas hésiter si l'envie d'apprendre et de se perfectionner s'installe, car c'est tout à fait accessible avec une bonne préparation.

Edit du 5 juillet 2019 : les résultats sont tombés. Nous sommes toutes les 5 admises. J'ai mon CAP avec un 16,5/20 à l'EP2 (la grosse épreuve de 16 heures de couture), 17/20 pour PSE, et 12,5/20 à l'EP1.



  

     Mon matériel pour l'EP2. Les pansements en cas de piqûre d'aiguille, la petite poubelle en tissu pour y mettre les fils coupés, la sacoche pour avoir l'essentiel sous la main en permanence. Le perroquet et l'équerre que l'on devine à peine, car transparents, sont surtout utiles en EP1 (il faut rajouter les crayons de couleurs pour cette épreuve). Le dé, je ne m'en suis pas servi pour coudre à la main, mais ça m'a fait du bien de l'avoir avec moi car c'était celui de ma mère. Les stylos Frixion : inutiles sur le crêpe noir (le crayon blanc plus pratique). Le réglet indispensable près de la piqueuse plate pour vérifier les marges de couture et la longueur du point.



   

Mon petit souvenir : crêpe noir et dentelle du combi-short.




 


CAP MMFV